Vitrine sur la vie d’Éléonore Gendreau : jeune femme, épouse et mère de famille
Le fonds de la famille Lippé (P39) est composé de documents de différents membres d’une famille s’étant illustrée, entre autres, dans la pratique du notariat ainsi que dans le commerce. Il permet aussi d’observer le développement de quelques villes et villages des Cantons-de-l’Est, de la Beauce et d’autres régions du Québec et du Canada. Toutefois, nous nous attardons ici sur une série bien précise de ce fonds, celle d’Éléonore Gendreau, femme du notaire De Lourdes Lippé.
Éléonore Gendreau est née du mariage de Louis Gendreau et de Marguerite « Maggie Rita » Cahill, le 12 novembre 1882, à Saint-Georges de Beauce. Elle est descendante de deux familles pionnières de la Beauce. D’une part, Louis Gendreau possède un magasin général à Jersey Mills (aujourd’hui Saint-Georges de Beauce). D’autre part, son grand-père maternel d’origine irlandaise, Michael Cahill, y dirige un important hôtel utilisé par les voyageurs qui empruntent le chemin Kennebec pour se rendre dans l’État du Maine. Bref, ces deux familles jouent un rôle important dans le développement agricole et commercial de la région.


Le 24 septembre 1907, dans sa ville natale, Éléonore épouse le notaire De Lourdes Lippé. Le jeune couple a trois enfants : Louis Hubert (1908), Marguerite (1910) et Joseph (1911). Malheureusement, ils perdent leur premier fils lorsqu’il n’a que 7 mois.

Le 1er janvier 1914, Éléonore Gendreau décède à Sherbrooke, puis est inhumée deux jours plus tard à Saint-Georges de Beauce. L’année suivante, De Lourdes Lippé épouse en secondes noces Laura Léonard, cousine de sa première femme. De Lourdes et Laura agrandissent la famille avec la naissance de deux filles : Françoise (1916) et Andrée (1919). La correspondance entre Laura Léonard et Joseph Lippé témoigne du grand soin et de l’amour de cette dernière pour les enfants de sa cousine.
Grande collectionneuse, Éléonore Gendreau nous laisse plusieurs documents qui témoignent non seulement de sa vie personnelle, mais également du contexte social dans lequel elle évolue, d’abord comme jeune femme, puis comme épouse et mère de famille. Parmi ces documents, un spicilège se distingue particulièrement. À première vue, la couverture nous laisse croire qu’il s’agit d’un cahier scolaire du couvent Jésus-Marie de Lévis appartenant à sa mère.

D’ailleurs, les premières pages sont décorées d’exercices de géométrie et de dessins.


Toutefois, le cahier est repris par Éléonore qui appose ses souvenirs par-dessus les dessins de sa mère. Elle collige principalement des coupures de presse aux sujets variés. On y retrouve notamment des poèmes, des prières et des articles prodiguant des conseils pour être une bonne mère ou une bonne épouse. Il y a également des passages mondains traitant des déplacements des gens de son entourage, puis des extraits concernant des événements la touchant plus personnellement, tels que le décès de membres de sa famille (son beau-frère Alexandre Lippé, son fils Louis Hubert et sa mère Maggie Rita Cahill). Elle conserve également les traces de moments plus heureux comme son voyage de noces et la naissance de sa fille Marguerite.

Certaines coupures de presse lui sont envoyées par De Lourdes Lippé avant leur mariage, surtout des poèmes ou de la prose sur l’amour. Toutefois, d’autres jeunes hommes tentent de charmer Éléonore par des poèmes et des acrostiches à saveur romantique…

… tandis que d’autres misent sur l’humour!

Finalement, près d’une dizaine de pages sont remplies de photographies plus candides les unes que les autres. Certaines forment une sorte de mémorial des amitiés entretenues par Éléonore en tant que jeune femme célibataire.

D’autres démontrent l’épanouissement de la créatrice dans son rôle d’épouse et de mère.

Bref, le spicilège permet de jeter un regard sur l’expérience bien personnelle de sa créatrice. Dans ce cas-ci, les pièces conservées par Éléonore Gendreau nous projettent dans diverses facettes de sa vie et nous permettent de suivre ses expériences à différentes étapes de son aventure, qui se termine malheureusement trop tôt. Ce qui nous semble évident, en tournant chaque page du cahier, c’est l’importance qu’occupent la famille et les amitiés chez cette femme qui a su bien s’entourer.
Chloé Ouellet-Riendeau, agente de bureau – BAnQ Sherbrooke
Quel un vent de fraîcheur ce matin! Merci de nous faire découvrir ce scrapbook. J’aime le concentré de vie provoqué par le collage photos. Le texte du « diplôme » en dentelle m’a fait sourire, une perle. Félicitations pour ton texte, j’espère avoir le plaisir de te lire souvent.
Documents touchants qui reflètent la vie quotidienne d’une femme de cette époque. Belle mise en valeur.
Bonjour à Chloé Ouellet-Riendeau.
Grand merci pour la publication de cet important témoignage de la vie d’une famille en Estrie. C’est bien révélateur de la vie de pionniers que ces gens ont vécue. Et mes salutations à Julie!
Excellent texte très intéressant. J’espère que Chloé contribuera régulièrement à notre blogue, nous sommes friands de ce genre de texte qui font découvrir nos belles archives!