Visages de la Palestine – 1923


« Je suis heureux de vous apprendre que j’ai atteint la Jérusalem terrestre, en espérant la céleste, et que le projet que j’avais formé depuis la première année de mon sacerdoce est enfin accompli. »
Cette lettre de Lionel Roy à l’évêque de Rimouski Joseph-Romuald Léonard[1], datée du 1er novembre 1922, témoigne de la quête à la fois spirituelle et matérielle qui est à l’origine d’un pèlerinage en Terre sainte que le prêtre espère réaliser depuis près de vingt ans.
Originaire de Saint-Michel-de-Bellechasse, Lionel Roy (1886-1970) étudie au Séminaire de Rimouski (1899-1906) et au Grand Séminaire de Québec (1906-1909) avant d’être ordonné en 1909. Licencié en philosophie et docteur en théologie, cet intellectuel rimouskois mène une longue carrière d’enseignant (philosophie, théologie, Écriture sainte) et de directeur aux Petit et Grand Séminaires de Rimouski. Elle est interrompue par cette année marquante – 1922-1923 – au cours de laquelle le prêtre étudie à l’École biblique de Jérusalem, établie au couvent des Dominicains.
Sur place, il noue des amitiés solides avec d’autres religieux qui, comme lui, se passionnent pour l’histoire et l’archéologie biblique et chrétienne. Avec eux, il entreprend de visiter la Palestine, le Sinaï, et une partie du Liban et de la Syrie, immortalisant des scènes de la vie quotidienne, des lieux significatifs et des vestiges archéologiques grâce à la technologie stéréoscopique sur plaque de verre.



Ces plaques, qui présentent toujours deux images avec un cadrage légèrement différent, peuvent ensuite être observées à l’aide d’une lunette binoculaire recréant une image tridimensionnelle.
Au cours de son séjour, Lionel Roy a « l’ineffable bonheur de contempler les lieux consacrés par la naissance, la vie et la mort de notre divin Sauveur[2] ». Dans les années suivantes, certains de ses amis lui envoient à leur tour des diapositives de leur périple commun en Palestine[3], enrichissant, par le fait même, sa collection exceptionnelle. « C’était le temps heureux », écrit-il le 11 octobre 1938 à son ancien compagnon de voyage Mgr John Mackintosh Tilney Barton (1898-1977).

Deux ans après son retour, Lionel Roy publie un article intitulé « Jérusalem de nos jours » dans La semaine religieuse[4] de Québec, reproduit dans Le Soleil[5]. Dans ce court texte, Roy livre ses impressions sur la ville sainte : « Il nous fut intéressant de noter […] les murs crénelés qui encerclent la ville ancienne et la citadelle, connue sous le nom de Tour de David. L’aspect de la rue avec son mélange de races, de costumes, d’affiches et d’enseignes françaises, anglaises, hébraïques et arabes nous indique tout de suite le caractère cosmopolite de la Jérusalem d’aujourd’hui ».

Ces voyages d’études en Palestine ont permis au prêtre de découvrir une réalité très différente de celle qu’il avait connue jusque-là. La riche collection d’images stéréoscopiques ou de diapositives sur plaques de verre qu’il a rapportée à Rimouski et qui est conservée à BAnQ Rimouski (P81) atteste, aujourd’hui encore, de la fascination avec laquelle cet homme d’Église a rencontré, dans les années 20, cette autre culture.

Marie-Ange Croft, technicienne en documentation – BAnQ Rimouski
[1] Lettre conservée aux Archives de l’Archidiocèse de Rimouski, cote 421-282 922-1.
[2] « Jérusalem de nos jours », Le Soleil, 8 avril 1925, p. 4.
[3] Lettres de Jules Creton à Lionel Roy, 17 janvier 1925. BAnQ Rimouski (P81 – Fonds Mgr Lionel Roy, contenant 2017-02-002/173).
[4] La semaine religieuse, 2 avril 1925, p. 482-485.
[5] Le Soleil, 8 avril 1925, p. 4.
Je donnerais comme date, à la première photo, les années 1950, à cause de la robe et des souliers de la fillette et à cause des culottes courtes et bas golf des gamins qui sont en arrière-plan.
Félicitation! Vraiment intėressant et précieux par sa rareté!