Documenter la lutte pour une justice sociale : le fonds Roger Poirier
L’année 2019 marque le 50e anniversaire des premières grandes expropriations qui ont changé à jamais le visage du centre-ville de Hull, aujourd’hui Gatineau. À cette époque, des édifices gouvernementaux ont remplacé les anciennes maisons et modifié le visage de ces quartiers résidentiels.
À de nombreuses reprises au cours du 20e siècle, différents intervenants proposent de transformer Hull en district fédéral. On souhaite, par le fait même, redorer l’image de la cité et la revitaliser. Aux yeux de certains, les quartiers ouvriers hullois font piètre figure par rapport à la riche ville d’Ottawa, située juste de l’autre côté de la rivière.


En 1969, principalement pour des raisons politiques et économiques, le gouvernement fédéral de Pierre Elliott Trudeau décide d’aménager des bureaux sur la rive québécoise de la rivière des Outaouais.

Pour faire place à ces nouveaux édifices fédéraux ainsi qu’aux autoroutes et aux stationnements, plus de 1 600 logis et commerces sont rasés. Les familles ouvrières quittent alors massivement la ville à la recherche de logements plus abordables.

En échange, la ville obtient des tours de bureaux où travaillent environ 30 000 fonctionnaires fédéraux et provinciaux. Toutefois, ces changements ne sont pas vus d’un bon œil par tous. Pour le Père Roger Poirier o.m.i., il est évident que ce sont les familles pauvres de Hull qui paient le prix de toutes ces transformations.

Militant pour la défense des plus démunis, il devient organisateur communautaire et directeur général du Regroupement des comités de citoyens de Hull. Cette association revendique le droit pour tous les habitants de la ville d’avoir accès à un logement abordable et à des conditions de vie acceptables. Les expropriations exacerbent les frustrations et le peuple descend régulièrement dans les rues pour manifester.


Le Père Roger Poirier o.m.i. admire ses concitoyens qui se battent pour leurs droits. Il documente minutieusement la vie avant et après les expropriations. C’est d’ailleurs dans le but de rendre hommage à ces ouvriers et à ces ouvrières communautaires qu’il publie le livre « Qui a volé la rue Principale? ». Il y raconte la lutte des Hullois pour une plus grande justice sociale.
Jacinthe Duval, archiviste-coordonnatrice – BAnQ Gatineau
Pour en savoir plus :
ANDREW, Caroline et al. L’Urbanisation : une affaire. Ottawa, Éditions de l’Université d’Ottawa, 1981, 248 pages.
Fonds Ministère des Transports. Dossiers d’expropriation. BAnQ Gatineau (E23,S10).
POIRIER, Roger. Qui a volé la rue Principale? Montréal, Éditions Départ, 1986, 331 pages.
Très intéressant, comme toujours. Dans ce cas-ci, les archives permettent de nous pencher sur le passé récent de Gatineau, dont la transformation en ville de fonctionnaires est un sujet peu exploité – et pourtant intéressant. Un parallèle serait également à faire avec le cas de la ville de Québec.
Il manque encore 5000 logements abordables à Gatineau. L’accès à un logement est un droit fondamental. Les logements ne devraient pas être des biens marchands comme ils le sont actuellement.C’est un domaine laissé à la spéculation, et la rareté fait monter les prix sans arrêt.
J’ai aime les photos et les informations qui ont ete publies ci-dessus… devant les escaliers c’etait ou j’allais a l’ecole. J’habitais le 126 Kent (en bas des escaliers ) on a pas ete expulse.
Mon Oncle Roger Poitier (o.m.i.) a ete un activiste du debut a la fin pour les gens touches par l’expropriation des familles. Comme mon Oncle Roger disait so souvent, la solidarite est essentielle pour la population pour les besoins essentiels comme le logement et dans le domaine de la SANTE dont j’ai moi-meme a pousse les dirigeants pour faire des changements dans les CHSLD.