Parrainage d’orphelins de la Deuxième Guerre mondiale
En juin 1946, la réalisatrice de Radio-Canada Judith Jasmin transmet à Germaine Dubé Massicotte les coordonnées d’une orpheline de 13 ans dont la mère, arrêtée lors de la rafle du Vélodrome d’Hiver à Paris en juillet 1942, a disparu à Auschwitz. « Le geste que vous acceptez de poser en “adoptant” moralement cette jeune fille est vraiment magnifique. […] le moindre envoi de nourriture ou de vêtements est un cadeau inapréciable [sic] pour ces malheureuses jeunes filles […] Au nom de l’heureuse française [sic] qui devient votre protégée […] je vous dis : Merci! » écrit Judith Jasmin à Germaine Dubé Massicotte.

Une liste annexée à la lettre précise le type de produits rares et difficiles d’accès en ces années de rationnement qu’il serait approprié d’envoyer à l’orpheline, dont des denrées alimentaires nourrissantes (sucre, farine, œufs et lait en poudre, etc.), des vêtements usagés (lainages, chaussures, semelles de cuir, etc.) et du savon, des crayons et des cahiers.

Pendant plusieurs années, cette orpheline juive d’origine allemande, Marion Deichmann, recevra de nombreux colis et écrira à Mme Massicotte afin de lui exprimer sa profonde reconnaissance.
Marion correspond également avec la fille de sa bienfaitrice, Hélène, qui a à peu près son âge. Les deux adolescentes vont se lier d’amitié et s’écrire assidûment. Le fonds d’archives Roland Laroche et Hélène M. Stevens (P944) comprend l’intéressante correspondance de Marion Deichmann à Germaine et Hélène Massicotte, qui témoigne, entre autres, de l’aide matérielle offerte par des Québécois à des orphelins français de la Deuxième Guerre mondiale. Ce parrainage s’est sans doute fait à l’aide d’associations ou d’organisations pour lesquelles Judith Jasmin, en tant que réalisatrice connue, servait probablement d’intermédiaire. Nous ignorons, pour l’instant, l’importance et l’ampleur de ce mouvement d’entraide.




Soulignons que Hélène Massicotte Stevens et Marion Deichmann, après s’être longtemps perdues de vue, ont repris leurs échanges épistolaires des deux côtés de l’Atlantique grâce à la découverte par BAnQ de cette correspondance et à la parution récente du livre de Marion Deichmann Je voudrais que son nom apparaisse partout : une enfant au cœur du génocide, écrit en hommage à sa mère.





Pour plus d’informations: http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2016/11/11/004-jour-du-souvenir-correspondance-guerre-mondiale-juifs-holocauste.shtml?isAutoPlay=1
Marthe Léger, archiviste – BAnQ Vieux-Montréal
Bravo Marthe,
Quelle belle découverte! En ce jour du souvenir, quoi de mieux! C’est une belle représentation de l’entraide qui peut amener vers de belles amitiés. C’est super positif.
Merci Marthe pour cet émouvant partage.
Super intéressant! Merci beaucoup de nous faire découvrir cette belle correspondance.
Bonjour Marthe,
J’ai lu avec beaucoup de nostalgie. J’avais la chaire de poule de lire des écrits aussi anciens. Ce jour de souvenir nous rappelle nos combattants qui ont sacrifié leur vie pour nous jouissions de cette belle liberté. Merci à toi pour leur rendre hommage!
Hélène Saya
Bravo Marthe !
C’est vraiment très intéressant comme article. Cette découverte et très enrichissante et touchante.
C’est le genre d’archives qui nous font réfléchir, non seulement à la vie pas toujours facile des gens durant et après la guerre, mais aussi (et là, c’est l’archiviste/gestionnaire de document qui parle)la richesse du contenant et du contenu d’un document d’archives historiques en format papier… ce que ne procure pas nécessairement le document numérique malgré ses nombreux avantages.
Merci Marthe Léger, d’abord, d’avoir eu le désir et ensuite, d’avoir réussi à réunir ces deux femmes, de deux origines bien différentes, qui s’étaient perdues de vue. Il est particulièrement important de savoir qu’au Québec, bien qu’un grand nombre de Canadiens-français appuyaient les Adrien Arcand de ce monde, il y avait heureusement quelques rares familles qui n’ont pas eu peur de venir en aide à des Juifs. Merci et bravo.
Bravo Marthe pour cette magnifique initiative. C’est très touchant.
Bonjour Marthe,
Bravo pour le beau boulot et les émotions des deux dames sont tellement belles.
Je retrouve ma collègue qui a toujours été minutieuse et attentive aux besoins des autres.
Amitié.