Mois du patrimoine asiatique
Le saviez-vous ? Mai est le mois du patrimoine asiatique au Canada. L’équipe de BAnQ Sherbrooke s’est donné le défi de retrouver des documents d’archives témoignant du passage et de la contribution des différentes communautés culturelles asiatiques dans sa région. L’exercice s’est avéré concluant et voici nos belles trouvailles.
Vague d’immigration chinoise
« L’installation de grandes manufactures et le développement des chemins de fer entraînèrent des vagues récurrentes d’immigrants de races, de langues et de religions différentes. » [1] C’est en ces termes que l’historien Jean-Pierre Kesteman explique la vague migratoire que connaît Sherbrooke à la fin du 19e siècle, toutes communautés culturelles confondues.

Le recensement canadien de 1901 [2] est le premier à relever la présence d’Asiatiques à Sherbrooke : six Chinois seulement y habitent [3]. Le tissu social de Sherbrooke n’est certes pas chamboulé par l’arrivée de cette communauté culturelle. Néanmoins, pendant le premier quart du XXe siècle, les Chinois occupent avec force un secteur commercial bien précis : les buanderies. Entre 1902 et 1917, les patronymes Lee, Wong, Yon, Wing, Wah et Sing, pour ne nommer que ces derniers, se retrouvent dans les bottins d’adresses, suivis du terme Laundry. En effet, Sherbrooke « comptait quatre buanderies chinoises en 1920 » [4], qui ont notamment les hôtels pour clients.


La communauté chinoise à Sherbrooke prend de l’ampleur au fil des ans. Si bien qu’en 1917, Mark Sing et des associés fondent un club strictement réservé aux personnes d’origine chinoise. Avec ses activités récréatives et éducatives, le « Canton Club » sert aussi à promouvoir l’harmonie et la bonne volonté au sein de la communauté chinoise de Sherbrooke, sentiments qui conduisent généralement au bien-être et au bonheur [5].
En 1931, la communauté chinoise de Sherbrooke compte 54 membres, avant de connaître un léger déclin durant les décennies suivantes : 28 membres [6] en 1940, 33 en 1941 [7], 34 en 1961 [8]. En 2006, on dénombre 785 personnes d’origine chinoise à Sherbrooke.




Après avoir dominé le secteur des buanderies, les Chinois se lancent dans la restauration. À partir des années 1950, plusieurs restaurants de cuisine chinoise font leur apparition à Sherbrooke dont le Café Mee Ho, le Nanking Café et le Lee Café Chinese Food.




Vagues d’immigration vietnamienne et cambodgienne
Les vagues d’immigration vietnamienne et cambodgienne sont beaucoup plus récentes que celle des Chinois en Estrie. Durant les années 1970, des millions de réfugiés fuient la guerre qui sévit au Vietnam : ils seront plus tard connus sous l’expression « Boat People ». Quant aux Cambodgiens, ils sont contraints de quitter leur pays entre 1976 et 1990, suite aux exactions du régime des Khmers rouges et à la famine.
En 2006, l’Estrie compte 355 personnes d’origine vietnamienne [9] et 80 personnes d’origine cambodgienne [10]. Les Vietnamiens et les Cambodgiens occupent des professions libérales ou sont propriétaires de restaurants, de dépanneurs et d’hôtels. À Sherbrooke, on leur doit notamment le Dépanneur Pek, l’Épicerie Asie et la Boutique Orient.
Julie Roy, archiviste-coordonnatrice – BAnQ Sherbrooke
Hélène Liard, agente de bureau – BAnQ Sherbrooke
Notes et Références
[1] Kesteman, Jean-Pierre, Histoire de Sherbrooke, Tome 3 : La ville de l’électricité et du tramway (1897-1929), p. 103.
[2] Les recensements canadiens de 1871 et 1881 ne révèlent aucune présence asiatique. Quant au recensement de 1891, la communauté asiatique est intégrée dans une statistique globale pour toute personne qui n’est pas Canadienne française.
[3] Kesteman, Jean-Pierre, Histoire de Sherbrooke, Tome 2 : De l’âge de la vapeur à l’ère de l’électricité (1867-1896), p. 91.
[4] Kesteman, Jean-Pierre, Histoire de Sherbrooke, Tome 3 : La ville de l’électricité et du tramway (1897-1929), p. 118.
[5] Archives de la Ville de Sherbrooke, requête en constitution du Canton Club, le 30 janvier 1917. Traduction libre.
[6] La Tribune, Annuaire de La Cité de Sherbrooke 1941-1942, « Nationalités de la Cité de Sherbrooke 1940 », p.4.
[7] Kesteman, Jean-Pierre, Histoire de Sherbrooke, Tome 4 : De la ville ouvrière à la métropole universitaire (1930-2002), p. 98.
[8] Ibid.
[9] Portrait statistique de la population d’origine ethnique vietnamienne recensée au Québec en 2006. Tiré des données du recensement de 2006 de Statistique Canada. Gouvernement du Québec. Ministère de l’immigration et des communautés culturelles. 2010, p. 8.
[10] Portrait statistique de la population d’origine ethnique cambodgienne recensée au Québec en 2006. Tiré des données du recensement de 2006 de Statistique Canada. Gouvernement du Québec. Ministère de l’immigration et des communautés culturelles. 2010, p. 8.
Bravo pour votre recherche! C’est passionnant de vous lire.
Bravo à l’équipe de Sherbrooke! C’est intéressant de voir les communautés culturelles dans les régions.
Sur le même sujet, vous trouverez également une vidéo sur les ressortissants d’Asie du Sud-Est dans Histoires d’immigrations : http://www.banq.qc.ca/collections/collection_numerique/series/histoires_immigrations/?language_id=3#Asie_Sud-Est.
Bravo pour votre superbe recherche ! Continuez comme ça !
Bel article étoffé et belles trouvailles pour les photographies.