Attention aux effets pernicieux du patinage!
Voici un texte adressé aux patineuses montréalaises, publié à l’hiver de 1865, que nous illustrons d’œuvres de Conrad Poirier des années 1940. Le tout devrait vous faire sourire en cette Journée internationale des droits des femmes.
Voici quelques conseils de nature à convertir en demi-mal les effets pernicieux du patin. Ils s’adressent à celles qui préfèrent exposer leur santé et jouir de cet exercice.
1. Ne jamais employer de patins, dont les courroies serrent le pied … car elles exposent le pied à geler sans que l’on s’en aperçoive … Les meilleurs patins sont ceux qui reçoivent le bout du pied dans une espèce de chaussure et dont un cuir épais enveloppe le talon, en bouclant sur le dessus du pied.

2. Il ne faut pas tant s’appliquer à patiner avec vitesse qu’avec grâce. C’est le moyen d’éviter les exercices violents, de ne pas suer, et de ne pas s’exposer à prendre ensuite du froid.

3. S’il vente ou fait très froid, les dames doivent porter un voile, afin d’éviter une inflammation des poumons.
4. Qu’on ait soin de ne pas s’asseoir une seule minute après avoir patiné …

5. Quand après avoir patiné, on se rend chez soi, il vaut mieux aller à pied pour éviter le rhume.
6. Quand vous patinez ne vous mettez rien dans la bouche; ne tenez pas non plus de substances dures dans la main.
7. Quand le vent souffle violemment ou que le thermomètre est au-dessous de 30, une dame ne patine jamais.

8. Quand vous patinez, ne regardez pas la glace à vos pieds, mais devant vous […]
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9. Ayez toujours un manteau chaud et pesant pour vous couvrir les épaules, aussitôt que vous cesserez de patiner.
10. La première demi-heure après que vous avez cessé de patiner, si vous êtes encore au froid, parlez le moins possible et évitez d’ouvrir la bouche, afin que le froid ne saisisse pas les poumons.

11. On ne doit jamais patiner plus longtemps qu’une heure à la fois.
Ces prescriptions ne peuvent suffire pour empêcher d’autres effets plus pernicieux, que le médecin seul a le droit d’expliquer. » La Minerve (Montréal, Qc), 29 décembre 1865, p 2.
Denyse Beaugrand-Champagne, archiviste de référence – BAnQ Vieux-Montréal