Les patrouilles de nuit à Québec
En 1818, une loi adoptée à l’Assemblée législative promulguait que dorénavant, pour veiller à la sécurité des cités (Québec et Montréal), une troupe d’hommes de guet sillonnerait les rues à la nuit tombée. Ces patrouilleurs, équipés d’un bâton et d’un fanal, veilleraient au maintien de l’ordre général des villes et assureraient l’allumage des lanternes dans les rues.
Si cette loi de 1818 encadrait légalement la mise en place d’une surveillance de nuit avec des membres rémunérés, la présence de patrouilleurs et d’hommes de guet dans les rues des villes était remarquée depuis le XVIIIe siècle. En 1796, des professionnels, des marchands et des maîtres-artisans s’étaient organisés afin d’assurer la sécurité de leurs commerces. Ce type de patrouille hétéroclite agissait de manière bénévole, mais les membres percevaient en guise de salaire, un pourcentage des amendes délivrées lors de leurs rondes. Après la Conquête, les «services policiers» furent inégalement assurés selon les périodes, par les baillis, les capitaines de milice et les huissiers.
BAnQ Québec possède des rapports de patrouilles pour 1837 et 1838 conservés dans le Fonds ministère de la Justice (E17) qui sont révélateurs de la vie nocturne dans la Haute-Ville de Québec.



Ces patrouilles devaient effectuer trois rondes par soir, la première vers 21h00, la seconde vers 23h00 et la troisième aux alentours de 2h du matin. Les rondes étaient assurées alternativement par une équipe francophone, un jour, et une équipe anglophone, le jour suivant. La plupart des interventions consistaient à prévenir les incendies, à intercepter les individus en état d’ébriété et à gérer les désordres publics.

Cette série de documents témoigne d’évènements se déroulant synchroniquement avec les Rébellions des Patriotes. S’agit-il d’une simple coïncidence ou si à l’inverse, les patrouilles de nuit de 1837-1838 découlèrent d’une cause à effet avec le bouillonnement social au Bas-Canada à cette époque? Une étude approfondie de ces documents particuliers apportera peut-être une réponse à cette question!
Jean-Philippe Asselin, agent de bureau – BAnQ Québec
Pour en savoir plus :
David-Thierry Ruddel et Marc Lafrance, «Québec, 1785-1840 : problèmes de croissance d’une ville coloniale», Histoire sociale / Social History, Vol. 10, No 20, (1985), p. 315-333.
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